Pol Roger, c’est 2 M de bouteilles de champagne par an, dont 87 % à l’export, pour un chiffre d’affaires de 54 M€. C’est une quarantaine de salariés chargés de produire au quotidien le prestigieux vin pétillant. Autant dire que pour faire fonctionner la marque aux chiffres hors-normes, il lui faut un site pas moins hors norme.
Dans cette perspective, la société sud-marnaise s’est offert un cadeau de 50 M€ pour ses 175 ans d’existence : un tout nouveau site de production. Implanté à l’angle des rues Winston-Churchill et Godart-Roger d'Épernay, le bâtiment inauguré le 19 avril dernier fait la fierté du président directoire de la maison Pol Roger : « L’endroit où nous étions depuis un demi-siècle nous donnait l’impression d’être à l’étroit, on avait une envie de confort, de réorganisation. Ce nouvel écrin représente l’amalgame parfait entre pragmatisme, charge symbolique, et vision à long terme », récapitule Laurent d’Harcourt.

Important d’acter l’attachement à Épernay


De loin, l’imposant bâtiment a des airs de caserne militaire. Simple hasard ? Pas sûr si on se réfère à l’organisation méticuleuse qui règne au sein des quatre niveaux du site, digne de l’intransigeance chez les uniformes kaki. « Nos salariés bénéficient de beaucoup d’assistance désormais, il y a très peu de ports de charge », révèle le numéro 1 à la direction de Paul Roger. Les nombreux équipements automatiques parlent à sa place. Autour de lui, il y a de l’espace, énormément d’espace. Tout semble avoir été pensé précautionneusement : la conception des bouteilles suit en effet un parcours de bas en haut. Au dernier étage, l’espace d’entreposage a grossi spectaculairement, en témoigne l’anecdote de Laurent d’Harcourt, stipulant que « les capacités de production ont doublé, passant de 500 000 bouteilles à un million. »
Ce nombre, un million, n’est pas le fruit du hasard : il correspond à ce que peut entreposer Pol Roger sur un semestre. Or, la maison de champagne vend deux millions de bouteilles par an… Le calcul est bon ! Comme l’emplacement proche du centre-ville retenu pour le site suit une logique implacable. Laurent d’Harcourt le revendique, il « souhaitait rester à Épernay pour rationaliser. » De plus, Pol Roger « avait la chance d’avoir des réserves foncières au cœur de ville », alors en friche avant le début des travaux. En choisissant ce terrain pour transférer les activités de production, aucun transport de marchandises, de personnel, ou de matières premières entre différents points géographiques n'est nécessaire dorénavant… Malin. D’une durée de cinq ans, les travaux ont coûté au total 50 M€ à l’entreprise sparnacienne.